Recrutements frauduleux à la CNSS : Le syndicat porte plainte à la gendarmerie

Le jeudi 12 juillet 2018 à Ouagadougou, le secrétaire général de la coordination des comités CGT-B, Seydou Koné, et son adjoint, Justin Kiénou, ont animé une conférence de presse. En effet, cette  conférence avait pour but d’échanger avec les journalistes sur les actions engagées contre le processus douteux de recrutement externe de 85 agents administratifs au profit de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

Depuis un certain temps, le torchon brûle entre la direction générale de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et le personnel. La raison, le recrutement « frauduleux » de 85 agents administratifs dont l’épouse du Directeur des ressources humaines (DRH). Face à cette situation, la coordination des comités CGT-B avait demandé au premier responsable de diligenter une enquête sur le processus de recrutement. Une doléance qu’il peine à satisfaire.

Selon M. Kiénou, parmi les admis, il y a quatre épouses d’agents de la CNSS. «Lorsque vous remontez le processus de recrutement, deux des quatre femmes se sont inscrites avec les patronymes de leur mari et les deux autres épouses avec leur nom de jeune fille. A la proclamation des résultats le 20 juin 2018, l’une des deux qui s’étaient inscrites avec leur nom de jeune fille a été déclarée admise avec le patronyme de son mari. Quant à l’épouse du DRH, elle s’est inscrite avec son nom de jeune fille et elle a été déclarée admise avec son nom de jeune fille», révèle M. Kiénou.

Wakatt Communication

Le secrétaire général de la coordination, Seydou Koné, ajoute que  la direction générale a ignoré leur requête et a fait prendre service aux nouvelles recrues le 3 juillet pour la première équipe, et le 5 juillet pour la seconde. Pour les délégués syndicaux, c’est difficile de laisser passer cette situation. C’est pourquoi, ils ont décidé de saisir les autorités compétentes pour faire la lumière sur cette affaire.

« Nous avons introduit une requête auprès de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC), du Réseau national de lutte anticorruption. Nous avons aussi saisi le procureur du Faso sur le dossier et nous avons porté plainte au niveau de la gendarmerie », informe le secrétaire général de la coordination, qui affirme que dans une institution républicaine, les recrutements ne doivent pas se faire entre familles et amis.

« La CNSS a un rôle de service public. Ce n’est pas une institution familiale, c’est l’ensemble des travailleurs et employeurs du Burkina qui y cotisent. Par conséquent, l’ensemble des fils et filles du pays y ont droit à l’emploi », insiste-il.

Justin Kiénou avoue d’ailleurs que cette situation de «fraude» au sein de la CNSS ne date pas de maintenant. «En réalité, le leadership du comité CGT-B/CNSS s’est affirmé à la CNSS depuis 2014 où nous sommes l’organisation syndicale majoritaire. Et c’est pour cela que nous menons la lutte pour une gouvernance vertueuse. Donc ce n’est pas une histoire de règlement de compte», martèle t-il. Pour le comité CGT-B/CNSS donc, il est plus que capital d’ouvrir une enquête sur le processus avant même de parler d’enquête de moralité. «Et si le directeur général ne le fait pas, c’est qu’il est complice objectif», conclu M. Kiénou.

Les journalistes ont voulu savoir si le syndicat souhaite le départ du DRH. « Non ! », a répondu M. Kienou, qui va laisser entendre : « Nous ne sommes pas investis pour recruter quelqu’un. Il revient à celui qui l’a nommé à ce poste d’analyser et de tirer toutes les conséquences qui siéent ».

Face donc à ce que les conférenciers de ce jour qualifient de «simulacre de recrutement» et au manque de volonté de la direction générale de clarifier les choses, le comité CGT-B/CNSS a entrepris plusieurs actions, notamment approcher le secrétariat exécutif du Réseau national de lutte anti-corruption ; le président du Conseil d’administration de la CNSS et le Contrôleur général d’Etat. Mais en attendant, les admis ont été retenus et sont déjà en formation.