Ce lundi 02 juillet 2018, le procès du putsch a repris son cours. C’était au tour du sergent Ollo Stanislas Silvère PODA de répondre devant le tribunal militaire de ses actes commis pendant le putsch de septembre 2015. Il est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, de meurtre, de coups et blessures volontaires et de complicité de dégradation aggravée de biens. Mais si le prévenu ne reconnait pas les faits qui lui sont reprochés, il affirme que l’ancien premier ministre, le général Yacouba Isaac ZIDA, complotait une révolution en vue de prendre le pouvoir. Des propos qui, selon le ministère public est en porte-à-faux avec les déclarations du sergent lors de l’interrogatoire d’identité et de l’instruction, consignées dans le procès verbal qu’il a signé.
Après le sergent-chef Lahoko Mohamed ZERBO, ce lundi 02 juillet 2018, c’était au tour du sergent Ollo Stanislas Silvère PODA de répondre devant le tribunal militaire de ses actes commis pendant le putsch de septembre 2015. Tout comme son chef Zerbo, PODA dit ne pas reconnaitre les faits dont l’accuse. « Je ne reconnais pas ». c’est la réponse du sergent Ollo Stanislas Silvère PODA à la question du président du tribunal qui lui demandait s’il reconnait les faits d’atteinte à la sûreté de l’Etat, de meurtre, de coups et blessures volontaires et de complicité de dégradation aggravée de biens, qui lui sont reprochés dans le cadre des évènements qui ont caractérisé le putsch de septembre 2015.
32 ans et père de deux enfants, le sergent Ollo Stanislas Sylver Poda a déjà été condamné à 17 ans de prison ferme, dans l’affaire dite de Yimdi, une poudrière de l’armée qui a été attaquée. «Pour (l’attaque de) Yimdi ce que j’ai fait je l’ai dit et on m’a condamné pour ça, mais pourquoi on veut me condamner aujourd’hui pour ce que je n’ai pas fait», s’est-il interrogé.
Selon ses dires à la barre, à aucune de ses missions sur le terrain lors des évènements du putsch, il n’a fait usage d’une arme de guerre. Il dit n’avoir été informé de l’arrestation des autorités de la transition et de quelques ministres que dans la soirée du 16 septembre 2015. « Le 16 septembre 2015, je n’ai pas été au palais. Je n’ai pas participé à une réunion. Le chef ZERBO est venu au piquet du camp Naba Koom II où j’étais en poste et m’a dit de l’accompagner. En plus du chef ZERBO, il y avait Seydou SOULAMA et Amidou DRABO. On est allé à Savane FM pour une mission d’observation. Tout était normal, on n’a rien vu de particulier. A notre retour, au niveau de la télévision BF1, chef ZERBO m’a dit de descendre dégager les barricades et c’est que j’ai fait. C’est dans la soirée du 16 au piquet au camp Naba Koom II que j’ai su que les autorités de la transition ont été arrêtées », a-t-il relaté.
Des déclarations qui selon le parquet, est en déphasage avec la déposition du sergent lors de l’interrogatoire d’identité, mentionnées dans la côte d’information i282 du procès verbal qu’il a signé. En effet, selon le procureur militaire, Alioun ZANRE, au cours de l’interrogatoire d’identité, le sergent PODA a spontanément affirmé qu’il a participé à l’arrestation des autorités de la transition sur instruction du chef KOUSSOUBE.
Mais, l’accusé dit ne pas reconnaître ce qui est mentionné dans le procès verbal, car lors de son audition lors de l’instruction, le juge le forçait quasiment à aller dans sa logique. « C’est quelqu’un qui est déjà affecté par le procès de Yimdi où il a été sévèrement puni. Il peut avoir oublié des choses avec le temps », a déclaré Me DORIBANA pour la défense de son client.
Toutefois, au delà des évènements du putsch de septembre 2015, le sergent PODA a affirmé que l’ex premier ministre, le général Yacouba Isaac ZIDA, complotait une révolution en vue de prendre le pouvoir. Ce complot consistait à une mutinerie au sein du camp naba koom II qui visait à éliminer le général Gilbert DIENDERE et à implanter dans les 45 provinces du pays des cellules du balaie citoyen afin que ces dernières grâce à leur influence le réclament au pouvoir. Et selon les dires du sergent PODA, ZIDA aurait tenté de les corrompre avec de l’argent (5 millions chacun) et des promesses de promotion afin de réussir son dessein. Une proposition que les majors de promotion dont il faisait parti n’ont pas acceptée. « Pendant l’insurrection populaire d’octobre 2014, c’est ZIDA qui a donné les armes aux gens qui en détenaient. Il nous a demandé de l’aider de l’aider à faire partir les généraux avec la promesse d’élever nos grades. Avec la loi que le président de la Transition voulait prendre, même Roch n’allait pas pouvoir se présenter aux élections. Le balaie citoyen devait mettre en place des sections dans les 45 provinces et ces cellules allaient se lever pour réclamer ZIDA au pouvoir », a-t-il expliqué. Il affirme également que c’était au total 25 militaires du RSP, en connivence avec ZIDA pour son dessein d’assassiner le général DIENDERE qui ont été arrêté le 29 juin 2015. « Le chef d’ordinaire nous a donné l’argent pour empoisonner la garde de DIENDERE », a-t-il affirmé.
Et selon ses dires, ce sont ces « brebis galeux » qui étaient en train de mettre la pagaille le 17 septembre 2015 aux alentours du SIAO et du studio Abazon de l’artiste musicien Smockey, par ailleurs membre du balaie citoyen. « On était allé pour ravitailler le véhicule au Conseil de l’Entente et chef ZERBO a reçu les informations. Personnellement quelqu’un m’a informé que c’est le groupe des Pafaname (groupe des militaires qui voulait assassiner le général DIENDERE) qui était au niveau du studio Abazon. Quand nous sommes arrivés, il y avait déjà de la fumée qui se dégageait au niveau du studio », a-t-il expliqué.
Mieux, le sergent Ollo Stanislas PODA au cours de son interrogatoire a affirmé que dans la journée du 17 septembre 2015, son équipe (composée du sergent-chef Lahoko Mohamed ZERBO, Seydou SOULAMA et Amidou DRABO) a appréhendé aux encablures du SIAO un individu habillé du tee-shirt du balaie citoyen qui détenait de par devers lui, une arme militaire.son équipe a donc procédé à l’interpellation de la personne et elle a été remise à une équipe de la police en patrouille.
Après quelques heures d’audience et d’interrogatoire, le procès a été suspendu et se poursuit aujourd’hui 4 juillet 2018. Et ca sera respectivement au tour de Jean Florent NION, de Sami DA et de Amadou LI de passer à la barre.
Les audiences entrant dans le cadre du procès du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, se tiendront du lundi au mercredi de 9h à 17h, vendredi de 9h à 17h et samedi de 9h à 14h.