Dans la matinée d’hier mardi 31 juillet 2018, les députés de l’opposition qui ont boycottés le vote du nouveau code électoral le lundi 30 juillet, ont convoqués la presse pour s’expliquer sur son acte et donner sa position sur la question. Les groupes parlementaires de l’Union pour le changement et le progrès (UPC), du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et de la Paix, justice et réconciliation nationale (PJRN), ont indiqué qu’ils n’allaient pas se laisser faire car le nouveau texte électoral «est une régression démocratique».
Pour les prochaines élections présidentielles qui devront avoir lieu en 2020 au Burkina, l’opposition a décidé de s’unir pour lutter contre le nouveau code électoral. Prévue pour se tenir lundi, c’est finalement hier mardi que les députés de l’opposition ont animé leur conférence de presse pour une fois encore signifier leur ras-le-bol contre l’adoption du nouveau code électoral qui, selon eux, comporte des germes de divisions sociales. A cet effet, les représentants de l’opposition ont eu le soutien des responsables, militants et sympathisants de leurs partis respectifs.
En effet, le siège du Chef de file de l’opposition (CFOP) a été pris d’assaut ce mardi 31 juillet dans la matinée par près de 200 militants de la trentaine de partis membres de l’opposition pour témoigner leur soutien à leurs représentants et en même se démarquer du code électoral nouvellement adopté.
Et, le message est le même depuis ce bras de fer qui oppose l’opposition à la majorité. Alors les militants de l’opposition entendent ainsi, interpeller la majorité sur le caractère sélectif du code électoral qui, à n’en pas douter, «empêchera beaucoup de Burkinabè de la diaspora» de ne pas pouvoir voter en 2020, puisque le texte oblige les votants à ne s’acquitter de leur droit de citoyen qu’avec leur Carte nationale d’Identité Nationale Burkinabè (CNIB) ou le passeport en cours de validité.
Le code électoral demande également à tous les électeurs de la diaspora de ne se rendre qu’aux ambassades et consulats pour pouvoir voter, a déploré l’opposition. Pour le député de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), François Bacyé, «le vote des Burkinabè de la diaspora est avant tout une question de justice sociale», invitant le gouvernement du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) à tenir compte de leurs propositions.
Zéphirin Diabré, a d’abord rappelé que le processus du vote des Burkinabè a été lancé depuis 2009, rejetant tout net la politique de la majorité actuelle qui se réclamerait seul le succès de cette orientation politique.
Il indique aussi qu’en son temps, ce sont trois pièces que sont la «CNIB, la carte consulaire et le passeport» qui avaient été retenues comme documents de vote des Burkinabè de la diaspora. C’est la raison pour laquelle, l’opposition, à cette conférence de presse, s’est demandée «pourquoi» la majorité à écarter la carte consulaire comme document de vote. L’opposition se dit «inquiète» du discours de la majorité tendant à mettre en cause la fiabilité de la carte consulaire des Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire car cela pourrait «être utilisé» contre les compatriotes résidant sur le territoire ivoirien.
Le président du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP, ex-majorité) Eddie Komboïgo, s’est demandé «comment le gouvernement en temps et en moyens fera pour doter nos compatriotes de l’étranger de la CNIB d’ici 2020», afin qu’ils puissent établir leur carte électorale et voter. Pour le premier responsable du parti fondé par l’ex-chef de l’Etat Blaise Compoaré qui jouirait d’une forte popularité auprès des Burkinabè vivant en CI, c’est déjà une politique vouer à l’échec et le CDP de concert avec les autres partis frondeurs à cette loi, s’érigeront contre ce texte pour permettre aux «985 000 détenteurs de cartes consulaires» de pouvoir voter en 2020.
Les députés de l’opposition après les débats, ont quitté la plénière en guise de protestation contre le nouveau code électoral qu’ils qualifient d’un «grave recul démocratique».