« le Gouvernement en place a décidé de légaliser le pillage de nos maigres ressources ». CFOP

La conférence de presse de cet après-midi vise à prendre l’opinion publique à témoin de l’aggravation du phénomène de corruption dans notre pays depuis l’arrivée au pouvoir du Mouvement du Peuple pour le Progrès(MPP). 

Jusque là, les Burkinabè avaient bien remarqué que le pouvoir du MPP et de ses alliés multiples (Unir/Ps, NTD, Pds/Metba, RDS, etc.) brillait par son incapacité notoire à apporter le Vrai changement qu’attendent les citoyens et qui avait été à la base de l’insurrection. Ils ont simplement reconduit le même mode de gestion qui avait cours quand les membres du trio RSS étaient les adjoints de Blaise Compaoré, et dirigeaient de fait le Burkina.
A la lumière de certaines pratiques du MPP et de ses alliés, on comprend vite que ces gens ne sont pas venus au pouvoir pour travailler, mais plutôt pour piller l’argent des Burkinabè, s’enrichir, enrichir les hommes d’affaires qui leur sont proches, et préparer leurs futures campagnes électorales.
Il ne se passe pas un jour, sans qu’on ne découvre un scandale financier au sein de notre administration. Presque tous les ministères sont gagnés par cette gangrène qui ne fait que prendre du terrain, irrigué par l’impunité réservé aux coupables.
-En février 2017, le Syndicat des travailleurs des travaux publics, du bâtiment, de l’hydraulique et assimilés du ministère des infrastructures (SYTTPBHA-MI) dénonçait des actes de malversation et la politisation dudit ministère, dirigé en réalité par la cellule locale du MPP.
Des journaux d’investigation viendront confirmer les soupçons de corruption. Par exemple, Le Reporter numéro 214 du 15 au 31 mai 2017, pages 5 et 6, révélait des malversations sur plus de 400 millions au Fonds d’Entretien Routier.
En ce mois de juin, c’est l’activiste Lengha Fils qui faisait cas d’un Trésor public parallèle dans ce même ministère. Un compte clandestin ouvert dans une banque abriterait d’énormes sommes issues des rackets de sociétés de travaux publics. Malgré la gravité des accusations, les autorités mises en cause n’ont pu apporter de réponses convaincantes.
-Le compte-rendu du Conseil des ministres du 07 juin 2017annonçait que le Gouvernement a adopté « un rapport relatif à l’acquisition de véhicules au profit de l’Administration au titre du budget de l’Etat, exercices 2017 et 2018 ».
Le compte-rendu précisait que « cette opération d’acquisition de véhicules fait suite à la réforme du parc auto en 2016, dont 1 546 véhicules ont été vendus ». Quand et comment se sont déroulées ces ventes de 1546 véhicules ? Quelle pertinence y avait-il à dépenser des milliards pour payer des véhicules de rechange pour les ministres ? Face à la pression de l’opinion publique, le Gouvernement semble reculer. Mais il faut le tenir à l’œil car tout le monde a compris qu’on préparait un deal avec des amis vendeurs de voitures.
-Un autre compte-rendu de conseil des ministres, celui du 14 juin 2017, renseigne que « le Conseil a adopté un rapport relatif à une passation de marchés pour la poursuite des travaux de construction de l’Institut régional de l’Administration (IRA) des Hauts-Bassins par la procédure d’entente directe. »
Cette procédure « d’entente directe » a permis au gouvernement d’attribuer, entre autres, les marchés suivants :
-Lot n°2 : Groupement SOSAF-SOGEDIM BTP pour les travaux complémentaires de construction de deux (02) salles de classe et de six (06) toilettes pour un montant de deux cent quatre-vingt-treize millions huit cent vingt-neuf mille huit cent quarante-huit (293 829 848) FCFA TTC.
-Lot n°3 : Groupement SOSAF-SOGEDIM BTP pour les travaux complémentaires de construction de cinq (05) salles de classe et de cinq (05) toilettes pour un montant de deux cent soixante-neuf millions soixante-trois mille huit cent cinquante-cinq (269 063 855) FCFA TTC.
En clair, l’Etat va débourser plus de 562 millions de Francs CFA pour la construction de 07 salles de classe et 11 latrines. Soit 02 salles de 100 places et 05 salles de 50 places, selon une précision du Service d’information du Gouvernement. Or, en moyenne, une école de trois classes avec bureau et latrines coute autour de 30 millions de francs.
Faites le calcul ! Qui empoche la différence ?
-A ces cas non-exhaustifs, s’ajoutent d’autres faits rendus publics comme les détournements dont se sont rendus coupables des cadres de la police nationale, ou l’affaire de disparition de 200 millions à la dernière édition du SIAO ; affaire qui a, semble-t-il, « choqué le Président du Faso ». D’ailleurs sur cette dernière ’affaire, à ce jour, rien de nouveau.
Quand on fait le compte, depuis que le MPP et ses alliés sont au pouvoir, ce sont des milliards de francs CFA qui s’évaporent dans la nature, pour aller grossir des comptes dont Dieu seul connait la localisation.

Chers journalistes,
Le fait le plus grave, c’est que le Gouvernement en place a décidé de légaliser le pillage de nos maigres ressources. Il a soumis « un projet de loi portant allègement des conditions d’exécution du programme de projets partenariat public-privé », qui doit être voté ce lundi 03 juillet à 16 heures à l’Assemblée nationale. C’est une manière de contourner les règles de transparence contenues dans la Loi numéro 020-2013/AN portant régime juridique du partenariat public-privé au Burkina Faso.
Ce projet de loi permet de distribuer des marchés de plusieurs milliers de milliards de francs à des copains, porte-noms et autres compagnons politiques. Il couvre un total de trente-huit grands projets pour une valeur estimée à 7000 milliards de Frans CFA.
A titre d’illustration, la construction et l’équipement de 240 CSPS et 11 CMA, la construction de 02 centrales thermiques, les travaux de construction de l’autoroute Ouagadougou- Bobo Dioulasso, l’acquisition de 300 nouvelles ambulances, se feront de gré à gré.
Si cette loi passe à l’Assemblée nationale le lundi à 16 heures, alors le pillage de ressources publiques sera consacré et légal.
Face à ce dangereux pas que le MPP veut franchir, et qui risque de faire davantage sombrer la fragile économie de notre pays, l’Opposition invite ses députés à enclencher la résistance à l’hémicycle. Si, malgré les mises en en garde, le MPP persiste dans cette démarche de pillage et d’insouciance en votant de force la loi, l’Opposition invitera les Burkinabè à l’Assemblée nationale et dans la rue, car elle ne saurait tolérer qu’un tel pillage soit cautionné par des élus du peuple.
Mesdames et messieurs,
Ce à quoi nous assistons de la part des dirigeants du MPP et de leurs alliés, ce n’est ni plus ni moins que la construction d’une économie mafieuse, dans laquelle les secteurs juteux de notre économie seront livrés à des parents, amis et alliés reconvertis en opérateurs économiques.
En effet, l’écrasante majorité des entreprises qui gagnent les marchés aujourd’hui sont soit des entreprises créées tout récemment, soit des entreprises dont les dirigeants sont des proches parents, des amis ou des alliés politiques de ceux qui nous gouvernent. Tous les secteurs de l’économie y passent : promotion immobilière, infrastructures, mines, hydraulique, agriculture, etc. Cette sélection sur la base de critères politiques, amicaux et familiaux explique d’ailleurs le fait que beaucoup de marchés ne sont pas exécutés, ou ne le sont pas correctement. On le voit encore avec ce qui se passe dans le secteur de la promotion immobilière, situation déplorée récemment par le Ministre en charge de la question.
Cette montée en puissance de la corruption inquiète fortement nos partenaires au développement, qui s’en sont ouverts à plusieurs responsables de l’Opposition. Les mêmes partenaires au développement se plaignent d’ailleurs qu’avec la politisation de l’administration, celle-ci a perdu de sa réactivité dans le traitement des dossiers de financement.
Mesdames et messieurs,
Les dirigeants du MPP et leurs alliés politiques, financiers et sociaux, se disent que les Burkinabè ne vont pas aller au-delà des indignations verbales face à leurs magouilles. Pour eux, les gens vont parler, se taire, et la vie continue. Et donc les détournements peuvent continuer.
A chaque scandale, on nous promet des sanctions, et quand la tension retombe, tout le monde oublie et on passe à autre chose.
C’est d’ailleurs le lieu pour l’Opposition d’interpeller très fortement l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption, pour qu’elle se fasse vraiment sentir, si elle le peut encore. Disons le tout net : beaucoup de Burkinabè commencent à se poser des questions sur la capacité de cette ASCE/LC à jouer véritablement son rôle.
Le problème au Burkina ce n’est pas l’absence de structure de contrôle ou de lutte contre la corruption. Le problème, c’est que tous les rapports faits par les corps de contrôle dorment dans des tiroirs.
C’est pour cela que dans sa plateforme, notamment au point 3.3, l’Opposition invite « avec insistance, le Président du Faso à transférer à la justice tous les rapports des corps de contrôle, afin que des procédures judicaires soient ouvertes ».
Mesdames et Messieurs,
Autant on peut débattre avec un gouvernement qui n’obtient pas de résultats, autant on ne peut dialoguer avec un gouvernement qui pille le peuple.
Si sur une question importante pour la marche du pays les structures institutionnelles sont défaillantes, alors il faut que les citoyens prennent directement les choses en main. La corruption fait partie de ces questions.
L’Opposition politique appelle de manière solennelle les Burkinabè à être prêts à sortir pour dire non au pillage de nos maigres ressources par le MPP et ses alliés.
L’Opposition politique invite aussi les Organisations syndicales et les Organisations de la Société Civile sincères, à sortir de leur mutisme, pour faire entendre leur voix de manière plus tranchante, et à se joindre à elle, dans ce combat sans merci contre la corruption dans notre pays, dans le cadre de mots d’ordre définis et mis en œuvre en commun.
C’est en passant ainsi à une nouvelle étape de la lutte, que nous obligerons le MPP et ses alliés, à revenir sur le chemin de la bonne gouvernance.
Sur ces points, tout comme sur les autres contenus dans la Plateforme, l’Opposition sera ferme et intransigeante.

Wakatt Communication