Depuis plusieurs jours, je séjourne à Daoukro. Cette ville me ramène un souvenir de 2002 où évoluant en qualité de milieu de terrain au RENAISSANCE FOOTBALL CLUB de la ville, il fallait se débrouiller avec un salaire de 40.000 Fcfa par mois.
Au bout de quelques jours, avec mes charges, l’argent que je percevais tarissait très rapidement. Il y avait dans la cité des joueurs une jeune femme du nom de DORA. Elle faisait du commerce d’attiéké.
Quand nous n’avions pas d’argent, elle nous faisait manger souvent à crédit en prenant le soin de noter nos noms dans son précieux cahier de dettes. Ce dont je suis certain, c’est que à l’époque, j’ai dû quitter la ville sans m’acquitter entièrement de ce que je devais à cette aimable vendeuse.
Devenu footballeur professionnel, j’ai effectué, il y a des années, un come-back dans la ville de Daoukro. Je l’ai revisitée en la contemplant dans le rétroviseur de mon esprit, en proie à une nostalgie et une émotion indéfinissable du passé. Bien sûr, j’ai demandé les nouvelles de Dora, ma vendeuse d’attiéké.
D’aucuns me disaient qu’elle avait quitté la ville lorsque d’autres m’informaient qu’elle était décédée. Ah les gens ! Est-ce forcé de donner des renseignements quand on en a aucune information potable ?
Septembre 2018. En séjour à Daoukro, mes renseignements au sujet de la vendeuse d’attiéké ont porté cette fois des fruits. Je l’ai retrouvée. J’ai retrouvé Dora. Elle a ri à gorge déployée en me voyant. En se souvenant d’autrefois. Nous avons ri et évoqué de lointains souvenirs amusants.
– Tu sais que je te dois toujours non ? Lui ai-je dit en souriant. En quittant Daoukro en 2002, mon nom n’avait pas encore été barré dans ton cahier.
C’est le moment de lui rembourser.
Un homme doit toujours payer ses dettes. Même quand c’est dur, ne jamais oublier d’avoir à l’esprit ceux à qui nous devons. Revenir vers eux pour éponger l’ardoise est une obligation morale.
Aristide Bancé