Le quartier Nonsin de Ouagadougou était en ébullition, dans la soirée du vendredi 6 mai 2016. Une septuagénaire, soupçonnée d’avoir « mangé » l’âme d’un jeune homme a été prise pour cible par des habitants du quartier.
Le lundi 2 mai 2016 au petit matin un jeune du quartier Nonsin de Ouagadougou a rendu l’âme. Les parents du défunt étaient convaincus que ce décès n’était pas naturel, mais était dû à la sorcellerie. « Mon neveu était malade, nous l’avons fait admettre à l’hôpital où nous avons fait des radiographies et des échographies. Les médecins nous ont dit qu’il n’avait rien et nous sommes revenus à la maison. Mais, deux jours après, son état empirait. Suivant les conseils de notre infirmier personnel qui soupçonnait une pneumonie, nous l’avons de nouveau admis dans une clinique où il nous a été demandé de passer une radiographie et une échographie. Mais il n’en était rien. Pour les médecins, il y avait de l’air dans ses poumons, ce qui empêchait le fonctionnement normal des autres organes et lui faisait très mal », a expliqué Karim Koanda, oncle du défunt. Ce dernier a laissé entendre que, deux jours plus tard, l’état de santé de son neveu continuait à empirer.
« Nous l’avons conduit, une fois de plus, à l’hôpital où il a été placé sous oxygène. Nous avons encore effectué plusieurs examens. Le lendemain matin, les médecins qui ont pris la relève ont vérifié les résultats jusqu’à 11 h et ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire. Ils nous ont donc recommandé de faire de l’indigénat. Nous sommes allés jusqu’à Saponé (Centre-sud) pour chercher des médicaments. Cela n’a pas marché. Il est décédé le lundi 2 mai 2016 », a-t-il relaté. A l’en croire, ce n’est pas la première fois que la dame en question est accusée de sorcellerie. La majorité des habitants de Nonsin reste convaincue que la septuagénaire est à la base du décès du jeune qui est par ailleurs l’enfant de sa rivale.
Peu avant notre arrivée sur les lieux, la présumée sorcière avait été conduite à la gendarmerie dans le souci de préserver son intégrité physique. En effet, la foule en colère avait demandé à la vieille dame de quitter illico le quartier. Ne voulant pas obtempérer, une foule s’est déportée au domicile de la septuagénaire. Les enfants de la vielle dame ont essayé d’empêcher la foule d’entrer dans la cour familiale, provoquant ainsi un affrontement entre les enfants et la foule. Même si aucun décès n’est à déplorer, des blessures causées par des armes blanches et des projectiles ont été enregistrées.
C’est en pleurs que la fille de la septuagénaire, Alizèta Tapsoba, nous a confié : « C’est notre demi-frère qui est décédé le lundi passé et je suis restée ici jusque hier (jeudi 5 mai, Ndlr). Aujourd’hui, on m’a demandé de venir. Quand je suis arrivée, j’ai cherché à savoir ce qui se passait. C’est ainsi qu’on m’a fait comprendre que ma mère était à la base du décès de notre frère. Ce soir (vendredi 6 mai, Ndlr), nous étions assis et les gens sont venus en grand nombre à la maison. Ils ont frappé, lancé des projectiles, cassé tout et fait sortir les affaires qu’ils voulaient même brûler de même que la maison. Ceux qui sont venus s’interposer ont été blessés. C’est la gendarmerie qui est venue calmer tout le monde et a emmené notre mère ». lorsque nous quittions les lieux, la foule, toujours très remontée, disait ne plus vouloir revoir la vieille dans le quartier.
source: le quotidien